un contexte politique et religieux complexe

La Congrégation est née dans un moment de l’histoire de France compliqué, où le politique et le spirituel étaient étroitement mêlés, où l’affrontement entre catholiques et protestants déchirait le pays. Madame d'Orléans (fondatrice des Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire) naît l'année du massacre de la Saint Barthelemy (24 août 1572). Louis XIII devient roi en 1617 et fait assassiner Concini.

Un conflit entre catholiques et protestants

Au XVIe siècle, la France connaît une crise à la fois politique et religieuse. Huit guerres de religion entre catholiques et protestants se succèdent de 1562 jusqu’à l’Edit de Nantes en 1598. Les protestants étaient essentiellement concentrés au sud de la ligne La Rochelle-Grenoble et représentaient près de 5 à 6% de la population. Cependant, même s’il s’agissait d’une minorité, il faut préciser qu’ils étaient puissants et occupaient des postes importants.

Réforme et contre-réforme

Un mouvement de réforme naquit en France au début du XVIIe siècle dans la lignée du Concile de Trente (1545-1563). Convoqué par le pape Paul III, ce Concile est une réponse aux 95 thèses formulées par Martin Luther où il dénonce les scandales de l’Église de son temps et jette ainsi les bases de la Réforme le 31 octobre 1517. Au cœur des préoccupations du Concile se trouvaient la réaffirmation du rôle de la pastorale et la restauration de la discipline monastique à travers les grandes règles religieuses du Moyen-âge (règle de Saint-Benoit du VIe siècle et règle de Saint-Augustin des V-VIe siècles).

Le Concile de Trente

Le Concile de Trente porte ses fruits relativement rapidement en Espagne. En 1562, Thérèse d’Avila (1515-1582) commence la réforme du Carmel, suivie de celle des Carmes déchaux par Jean de la croix (1542-1591).

Mais en France, les décrets du Concile de Trente, qui affirmaient le pape comme autorité suprême et absolue dans l’Eglise, ne furent pas acceptés dans un premier temps par le pouvoir royal car le roi y perdait son droit régalien. En outre, ces décrets rencontrèrent l’opposition d’une tradition parlementaire gallicane très forte. Les magistrats y étaient opposés car ces mesures rendaient possible l’appel des décisions du tribunal royal aux tribunaux ecclésiastiques. Néanmoins, Henri IV, après sa conversion au catholicisme, avait dû intégrer les mesures du Concile dans le droit public pour bénéficier de l’appui du Pape. Ce ne fut qu’en 1615 que l’assemblée acceptât officiellement les décisions disciplinaires du Concile de Trente.

Une forte effervescence spirituelle en France

Cependant, même si les décrets du Concile de Trente ont été acceptés tardivement en France, il s’avère que le mouvement de réforme a commencé dès le début du XVIIe siècle. En 1604, Pierre de Bérulle (fondateur de l’Oratoire de France et de l’Ecole française de spiritualité) introduit en France le Carmel réformé par Thérèse d’Avila. Peu de temps après, en 1610, les Visitandines sont fondées par Jeanne de Chantal et François de Sales, auteur de l’Introduction à la vie dévote datant de 1608.